Niveau et devenir des élèves ayant fréquenté une école Montessori ou Steiner-Waldorf

Une inquiétude et une croyance répandue chez les parents, c’est de penser qu’un élève ayant été scolarisé dans une école alternative (que ce soit une école Montessori, Steiner-Waldorf ou autre), n’aura pas un bon niveau, ne saura pas s’adapter ou ne réussira pas sur le plan professionnel. On croit à tort que ces écoles sont « laxistes » et forment insuffisamment les enfants, qu’ils seront inadaptés à la société. Par méconnaissance des pédagogies alternatives, on croit qu’il faut forcer un enfant pour qu’il apprenne, que seul le mode traditionnel d’enseignement est « efficace » et produit de « bons élèves ». Dans cet article, je vais m’intéresser au niveau et au devenir des élèves issus des écoles alternatives les plus connues et répandues en France, à savoir Montessori et Steiner.

Personnalités célèbres issues d’écoles alternatives

En guise de préambule, voici quelques personnalités ayant fréquenté des écoles différentes.

Personnes ayant fréquenté une école Montessori :

– Jacqueline Kennedy
– Les princes William et Harry, le prince George
– Anne Frank
– Mickael Douglas
– George Clooney
– Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, ont déclaré à ABC News qu’ils considéraient que l’éducation Montessori était une des principales raisons de leur réussite
– Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, le détaillant Internet le plus puissant du monde, était passionné par ses activités Montessori. Sa mère dit que sa passion pour les choses qu’il entreprend lui vient de sa scolarité.
– Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia
– Joshua Bell (violoniste américain, propriétaire du fameux Stradivarius)
– Will Whright, créateur du jeu Les Sims (Spore et Simcity) a déclaré « Montessori m’a enseigné la joie de la découverte. Cela m’a montré que l’on pouvait s’intéresser à des théories complexes, comme celles de Pythagore par exemple, en jouant avec des cubes. Il s’agit d’apprendre pour soi-même plutôt que de recevoir l’enseignement du professeur. SimCity est directement issu de Montessori – si vous donnez aux gens ce modèle de construction des villes ils en tireront les principes de l’urbanisme ».
– Katharine Graham, propriétaire et éditeur du Washington Post
– Bill et Hillary Clinton : Leur fille Chelsea a été scolarisée en école Montessori. Ils ont activement promulgué la pédagogie Montessori aux Etats-Unis.
– Gabriel Garcia Marquez, écrivain colombien. Prix Nobel de Littérature
– Dakota Fanning, actrice, a été la plus jeune actrice a avoir été nominée pour un Screen Actors Guild Award. Elle attribue son amour de la lecture à Montessori.
– Sean P. Didiy Combs (Puff Daddy), célèbre rappeur
– Melissa Gilbert, actrice (la Petite Maison dans la Prairie)
– Stephen J. Cannell, scénariste-producteur-réalisateur TV
– Cher, actrice et chanteuse
– Helen Hunt, Actrice récompensée par un Academy Award
– Jeff Buckley, musicien culte
– Fredensreich Hundertwasser, architecte et trublion de l’urbanisme écologique
Et des personnes ayant contribué à ce mouvement :
– Le Dalaï Lama, dans les années 60, a formé des enseignants tibétains
– Françoise Dolto
– Alexander Graham Bell, inventeur du premier téléphone, et son épouse Mabel, qui ont soutenus Maria Montessori financièrement pour l’ouverture de la première école aux Etats-Unis, en 1913
– Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique, qui a contribué à la fondation d’une école Montessori
– La fille du président Wilson qui était éducatrice Montessori à une époque où il y avait une classe Montessori au sein de la maison blanche.

Personnalités ayant fréquenté une école Steiner-Waldorf :

Vous trouverez ici une liste des personnes célèbres issus d’une école Steiner. Elle inclut des acteurs, PDGs d’entreprise, footballeurs de grands clubs, etc.

Je pourrais faire le même exercice pour tous les autres types d’écoles alternatives (Freinet, Ecole Nouvelle, Sudbury…), mais pour éviter d’avoir un trop long article, je vais m’en tenir là. Déjà, cette liste vous montre que non, on ne finit pas chômeur ou loser en sortant d’une école différente, au contraire. :-)

Voici les résultats de recherches qui ont été menées sur ces écoles :

Les apports des écoles Montessori

Des élèves autonomes, organisés et sûrs d’eux :
Les acquis les plus incontestables d’une scolarité Montessori portent sur l’autonomie et la confiance en soi. Une étude américaine de Kendall (1992) révèle que cette pédagogie donne des enfants qui ont « davantage de compétences en termes de relations sociales et de résolutions de problèmes ». Lorsque ces élèves réintègrent le cursus classique au collège, au lycée ou à la fac, une fois passé le choc culturel des activités imposées à heures fixes, des notations, des devoirs, des effectifs accrus, l’étude de Rebecca Shankland est sans appel : les anciens de Montessori, comme ceux de Steiner-Waldorf, s’adaptent MIEUX que les élèves « standard » à l’enseignement supérieur. Leurs résultats scolaires sont meilleurs, et surtout on relève chez eux un bien-être plus important. Plus étonnant encore, comme on ne les a pas forcés à faire telle ou telle activité, ils se connaissent mieux étant ados et effectuent un choix d’orientation plus réfléchi : 70% de ces élèves ont réellement choisi leur voie contre 40% des élèves du système classique. 39% d’entre eux s’engagent dans leurs études en sachant quel métier ils veulent faire, contre 10% des élèves issus des rangs de l’Education nationale.

Un excellent niveau académique :
Anglais, maths, lecture, écriture… les écoles maternelles Montessori favorisent de nombreux apprentissages préscolaires. Les enfants quittant la maternelle savent souvent lire et compter (la maîtresse Montessori de mon fils Paul, à 3 ans, disait qu’il avait un bon niveau pour son âge) et sont très doués en langues (les écoles Montessori étant souvent bilingues). Côté acquisitions, les sortants de Montessori n’ont rien à envier à leurs camarades, bien au contraire. Ils sont très bons en maths car dès 3 ans, ils ont manipulé, touché du matériel mathématique de manière sensorielle et n’ont de manière abstraite comme les cours de maths que nous avions étant petits… A 3 ans, ils peuvent utiliser le cube du trinôme et ainsi le comprendre plus tard. Des parents ayant testé le matériel Montessori de la multiplication, par exemple, ont pleuré d’émotion car ils comprenaient enfin le concept avec leur main, leurs sens ! Les Montessoriens sont également meilleurs en lecture et plus créatifs (étude de Rose, 1990).

Les apports des écoles Steiner

Les résultats au bac des élèves de Steiner sont supérieurs à ceux de l’Education nationale. Toutefois, la vraie particularité de ces élèves, c’est qu’ils exercent plus tard un métier qui leur convient et dans lequel ils excellent, très souvent un métier artistique pour 23% d’entre eux car cette pédagogie fait la part belle aux enseignements artistiques. 15% se dirigent vers la recherche et l’enseignement et l’artisanat. Surtout, 3 élèves sur 4 disent avoir apprécié leur scolarité, notamment la qualité des enseignements, l’attitude respectueuse des enseignants (ils gardent le même de la maternelle au lycée), la vie sociale au sein de l’école. Dire que les écoles Steiner sont souvent taxées (à tort) de sectes (!) sous prétexte qu’ils sont écolos, n’utilisent que du matériel en bois et naturel et célèbrent les fêtes religieuses et les saisons (Saint-Jean, etc.)…

Si vous voulez en savoir plus sur l’adaptation des élèves « alternatifs » dans le système classique, lisez mon article Comment réintégrer le système classique après une école alternative ?

Conclusion

Non, ce n’est pas parce qu’on n’a pas suivi un cursus scolaire mainstream qu’on sera mauvais, asocial, mal préparé et inadapté au système. Si le but est que l’enfant ait une brillante carrière, il n’y a aucune raison qu’il n’y arrive pas en fréquentant une école alternative, au contraire. En revanche, si les parents espèrent d’un enfant qui soit bon élève, ait un « super » job selon leur vision à eux de la réussite, il vaut mieux qu’ils laissent leur enfant dans une école normale car cela veut dire qu’ils mettent sur leur enfant une pression qui est contraire à la philosophie des écoles alternatives, censées respecter les besoins et désirs des enfants. On ne met pas un enfant dans une école alternative pour qu’il soit bon mais parce qu’elle correspond à nos valeurs concernant l’épanouissement de l’enfant (d’ailleurs, il n’y a pas de notes chez Montessori, pour éviter la compétition, la perte de confiance en soi et le fait de n’apprendre que pour la note). Après, il est vrai que de nombreux parents parisiens cadres dynamiques pressés scolarisent leur enfant dans ces écoles parce qu’ils ont de l’ambition pour eux…

Élève brillante, toujours première ou deuxième de classe, j’ai été dans 4 écoles différentes dans mon enfance et les deux que j’ai le plus détestées, ce sont celles qui étaient le plus strictes, rigides, les plus traditionnelles en quelque sorte. J’ai détesté le lycée public (qui était pourtant bon), qui m’a gâché mes plus belles années d’adolescence à cause de cette fichue pression du bac et de la tristesse des enseignements (et des locaux). L’école que j’ai préférée est celle qui se rapprochait le plus d’une école « alternative », avec un super campus, une école dans la nature avec un bosquet, des profs passionnés et inspirants. Je me suis fait là-bas des amies pour la vie que je fréquente encore (alors que je n’ai aucun contact avec les autres), et je peux dire que cette école n’a pas brimé mon amour des livres et m’a aidé à devenir écrivain, contrairement aux autres. Inutile de dire que j’aurais ADORE faire une école Montessori, Steiner ou Sudbury, et je pense que je serais bien meilleure que je ne le suis actuellement, et surtout j’aurais été une élève plus épanouie au lieu de m’ennuyer à l’école. :-)

Je conclurais par une citation du directeur d’une des écoles alternatives parisiennes les plus en vue du moment : « Si on attend d’un enfant qu’il sache vivre dans le moment présent, entreprendre des projets personnels, apprendre à se connaître soi-même et interagir avec le reste du monde en pleine confiance, alors l’école conventionnelle est extrêmement risquée. »

 

Crédit photo : Unsplash

Auteur de l’article : L'auteur

Enseignant-chercheur de formation, je m'intéresse aux écoles alternatives depuis 2012, année où j'ai dû réfléchir à la scolarisation de mon premier enfant et où il m'est apparu que je voulais pour lui une école différente, bienveillante. Depuis, je me passionne pour l'éducation alternative et la parentalité positive. J'aime faire découvrir des écoles innovantes.