Ecole Montessori ou alternative = école de bobos ?

C’est une remarque qui revient souvent à propos des écoles Montessori ou des écoles alternatives en général : leurs frais de scolarité étant élevés, elles se font taxer d’écoles de bobos ou d’écoles de riches. Est-ce vrai ? Je peux répondre à cette question car mes enfants n’ont jamais fréquenté que des écoles alternatives et je peux donc parler en toute connaissance de cause des familles qui fréquentent ce genre d’établissements. Et vous allez être surpris !

Des bobos ? Un peu… mais pas que !

Les écoles alternatives, et a fortiori les écoles Montessori, sont généralement des écoles privées hors contrat, à de rares exceptions près. Elles ne peuvent donc fonctionner et payer leurs charges qu’avec les frais de scolarité des parents (j’en parle ici). Ce qui engendre des écolages à payer de l’ordre de 3000 à plus de 10 000 euros par an, et à Paris, une moyenne autour de 400/500 euros par mois. Donc oui, cela représente un certain budget, que pourraient difficilement se permettre des smicards, par exemple. Et oui, on trouve des « bobos » dans ces écoles, particulièrement dans les écoles Montessori parisiennes et les écoles bilingues. Dans la première école Montessori de mon fils, il avait effectivement des camarades de classe qui s’habillaient en Burberry. Mais il n’y a pas que ça, loin s’en faut. La classe moyenne est largement représentée dans ces écoles, c’est-à-dire des familles ayant des revenus normaux, peut-être un peu aisés, mais pas spécialement riches.

La directrice de l’école Montessori Internationale Trilingue de Nogent-sur-Marne (EMIT) gère l’une des écoles les plus chères de France (près de 700/800€ mensuels) et elle nous expliquait que la majorité des parents d’élèves étaient des gens qui faisaient de grands sacrifices financiers pour leurs enfants. Au lieu d’utiliser leur budget pour se faire plaisir, ils investissaient leurs économies et une part importante du budget dans l’école car pour eux, il était primordial de mettre leurs enfants dans une école bienveillante et respectueuse. Ils trouvent donc des solutions pour y parvenir, et s’en donnent les moyens.

Ce phénomène a été confirmé par l’ancien directeur de l’École Dynamique, une école alternative parisienne très prisée. Les gens de l’équipe ont réalisé une étude sur les revenus des parents d’élèves et ont été très surpris de découvrir que la majorité d’entre eux avaient des revenus dans la moyenne des ménages, pas du tout dans la classe moyenne supérieure donc. Bref, des gens comme tout le monde, pas des bobos ou des bourgeois !

ecole alternative differente

Comment arrive-t-on à payer de tels frais de scolarité alors ? En faisant des sacrifices, des choix… Ce type de familles privilégient la qualité de l’école (et le bien-être de leurs enfants) à d’autres achats. C’est avant tout une question de priorité.

On ne met pas ses enfants dans une école alternative pour frimer (au contraire, cela nous vaut plutôt des critiques de l’entourage), ou pour se retrouver dans un « entre-soi », un ghetto de riches qui nous éviterait de fréquenter la populace… Non. Ceux qui recherchent l’entre-soi inscrivent plutôt leurs enfants dans des écoles privées catholiques classiques, bien fréquentées. Celles-ci sont d’ailleurs moins chères que les écoles alternatives car elles reçoivent des aides financières de l’État.

Voilà, donc non, les écoles alternatives ne sont pas des écoles de bobos au sens péjoratif du terme, ce sont surtout des écoles où les parents sont engagés, prêts à beaucoup pour l’épanouissement de leur enfant, donc à payer cher, parfois à aller très loin de leur domicile pour offrir à leur bout de chou une éducation en accord avec leurs valeurs. C’est d’ailleurs aussi le cas du personnel de ces écoles alternatives dont beaucoup sont bénévoles ou ont des salaires faibles. Leur but est de changer le monde à leur façon, pas de s’enrichir personnellement. Et c’est quelque chose que j’apprécie. Dans l’école publique, on trouve beaucoup d’enseignants non passionnés qui préfèreraient être ailleurs. Dans les écoles alternatives, c’est le contraire : les encadrants ont envie d’être là et le font avec passion et dévouement. Je n’ai jamais eu affaire qu’à des gens formidables dans ce type d’écoles, à l’enthousiasme communicatif. Des gens dont la passion et l’engagement inspirent nos enfants. :-)

Photo : Pixabay

Auteur de l’article : L'auteur

Enseignant-chercheur de formation, je m'intéresse aux écoles alternatives depuis 2012, année où j'ai dû réfléchir à la scolarisation de mon premier enfant et où il m'est apparu que je voulais pour lui une école différente, bienveillante. Depuis, je me passionne pour l'éducation alternative et la parentalité positive. J'aime faire découvrir des écoles innovantes.