Les pédagogies alternatives : avantages et inconvénients

Depuis quelques années, les pédagogies alternatives ont le vent en poupe. À chaque rentrée, de nouvelles écoles voient le jour pour répondre à la demande croissante des familles d’un modèle éducatif innovant. Qu’il s’agisse d’écoles Montessori, Freinet, Steiner-Waldorf, démocratiques, ou autres, ces établissements alternatifs ont en commun des valeurs liées à la bienveillance, la non-violence, l’élève acteur de ses apprentissages et une vision holistique de l’enseignement. Si vous vous demandez si une école alternative serait adaptée à votre enfant, je vous invite à lire cet article, tiré de mon expérience et de ma connaissance fine des pédagogies actives.

1. Les avantages des pédagogies alternatives

Si les écoles alternatives séduisent tant, c’est parce qu’elles sont la promesse d’un enseignement de qualité, aussi bien sur le plan pédagogique et éducatif que sur le plan humain et affectif. Voici les principaux bénéfices des pédagogies alternatives :

1. Des méthodes actives qui ont fait leurs preuves

La plupart des écoles alternatives reposent sur des recherches faites par des pédagogues du XXe siècle et d’aujourd’hui (citons, par exemple, Maria Montessori, Célestin Freinet, Rudolf Steiner, John Dewey, Loris Malaguzzi…). Ces pédagogues ont développé leurs méthodes et leur philosophie à partir de travaux de recherche, d’observations de terrain et d’expérimentations. C’est ce qui rend ces pédagogies si efficaces auprès des élèves : elles ne reposent pas sur des dogmes théoriques mais sur un questionnement et une réflexion sur les meilleures pratiques éducatives (ex : comment fonctionne le cerveau de l’enfant, comment il apprend mieux, etc.). Le chercheur en éducation Edgar Dale a ainsi posé les bases du cône d’apprentissage qui a mis au jour les méthodes d’enseignement les plus effectives. Vous pouvez découvrir ce concept sur ce lien. Edgar Dale a prouvé que la participation et l’action étaient les moyens les plus efficaces pour apprendre. C’est pourquoi les programmes des écoles alternatives visent généralement le développement global et holistique des élèves (compétences scolaires, humaines, sociales et manuelles). Toutes les études menées sur les pédagogies alternatives démontrent leurs bienfaits, non seulement sur le plan académique, mais aussi, et surtout, en termes de bien-être et de réussite personnelle de l’élève.

2. Un enseignement novateur et à la pointe

Historiquement, les pédagogies alternatives ont toujours été en avance sur leur temps. De nos jours, les pédagogues modernes comme Céline Alvarez s’appuient sur les dernières avancées en matière de neuro-sciences pour nourrir leur réflexion. Ils partent du principe que l’éducation d’aujourd’hui doit préparer l’élève au monde de demain. Les nouvelles technologies ont ainsi toute leur place au sein des pédagogies actives : programmation et codage informatique, robotique et gaming deviennent des compétences de plus en plus nécessaires.

3. Un enseignement personnalisé

À l’école de l’Éducation Nationale, les classes ont des effectifs généralement trop élevés pour que les enseignants puissent proposer un suivi individualisé des élèves. Dans les écoles alternatives, la taille réduite des classes permet d’avoir des groupes plus restreints. L’accompagnement des professeurs peut ainsi être plus personnalisé, alors qu’il reste standardisé dans le système traditionnel. Les enseignants ont une connaissance plus fine des difficultés de leurs élèves et de leurs problématiques, ils peuvent donc s’attarder plus longuement et plus précisément sur ces derniers et s’adapter à eux. L’accompagnement devient alors plus bienveillant car il est respectueux de la personnalité et des spécificités de chaque élève.

4. Des programmes adaptés à la société de demain

De plus, ces établissements ont fait le constat que l’école de la République était peu adaptée aux enjeux de demain : les élèves sortis du système classique connaissent peu ou mal le monde de l’entreprise, ont un niveau d’anglais insuffisant, ont des têtes bien pleines mais manquent de soft skills… Partant de ce constat, certains collèges et lycées misent sur un apprentissage renforcé de l’anglais, font réaliser à leurs élèves de nombreux stages en entreprise, introduisent des ateliers et activités pour développer les compétences comportementales des jeunes (communication non violente, cohésion, médiation par les pairs, etc.) et des temps de méditation et de relaxation : cliquez ici pour découvrir un de ces établissements innovants.

2. S’inscrire dans une école alternative : les inconvénients

Ce que mon expérience m’a appris, c’est que l’école parfaite n’existe pas, quelle soit alternative ou classique. Inscrire son enfant dans une école alternative présente quelques inconvénients qu’il est important de garder à l’esprit afin de faire un choix éclairé et conscient.

1. L’incompréhension de l’entourage

Le premier de ces désavantages est la désapprobation plus ou moins forte des proches et de l’entourage. Le choix d’une école innovante n’est pas toujours compris par tous. Il contraint les parents qui le font à se justifier sans cesse, ce qui devient à la longue pesant. Les moins chanceux ont droit à des remarques, voire des critiques de leurs connaissances. L’hostilité est même quasiment systématique lorsque l’école choisie a une approche pédagogique libertaire comme celle des écoles démocratiques de type Sudbury, par exemple. Pour éviter de devoir s’expliquer à tout bout de champ et avoir la paix, on en vient parfois à minimiser le côté alternatif de l’établissement choisi.

2. Un retour dans le système classique pas toujours évident

Les écoles alternatives sont souvent des espaces préservés, où la violence est rare. Quand elle se produit, des instances ou des outils permettent de la traiter et de la réguler (médiation, conseils de justice, cercles restauratifs…). Les jeunes qui fréquentent ce type de structures pendant plusieurs années ne font donc pas l’expérience du niveau de violence, d’oppression et de harcèlement qu’on peut retrouver dans de nombreux établissements, où les cas de souffrance, de phobie scolaire et de décrochage sont légion. Lorsque ces élèves réintègrent le système classique, le « choc culturel » peut alors s’avérer difficile à vivre dans les premiers temps. Un temps d’adaptation est parfois nécessaire. Sur le plan académique en revanche, l’adaptation des élèves issus d’écoles alternatives est plutôt aisée. Si un retour dans le système traditionnel est envisagé, le mieux est d’en discuter avec l’équipe pédagogique pour faciliter la transition et préparer l’élève au changement.

3. Un décalage entre la promesse et la réalité

Un autre écueil que j’ai pu rencontrer au cours de ma longue expérience dans diverses écoles alternatives, c’est l’écart fréquent entre la réalité et ce qui est annoncé au moment de l’inscription. Dans mon cas, les promesses de bienveillance et de discipline positive n’ont pas toujours été tenues, alors que c’était l’un de mes critères de sélection principaux. Ce décalage n’est pas forcément voulu, il vient généralement du fait que les éducateurs et enseignants restent des êtres humains et ne sont donc pas infaillibles (ils peuvent craquer, ou perdre le contrôle de leurs émotions).

Il y a aussi le fait que de nombreuses écoles se réclament d’une pédagogie sans réellement l’appliquer ou la maîtriser (typiquement, les écoles s’étiquetant Montessori alors qu’elles sont seulement d’inspiration Montessori). Une grande vigilance est donc recommandée en amont de toute inscription : visitez les locaux, participez à des réunions et des portes ouvertes, rencontrez les membres de l’équipe pédagogique, la direction et toutes les personnes qui seront en interaction régulière avec votre enfant. Ils sont tous aussi importants sinon plus que la pédagogie elle-même, car ce sont eux qui vont incarner les valeurs et la philosophie de l’école au quotidien.

4. Le coût élevé de ces écoles

La majorité des écoles alternatives sont des écoles privées hors contrat : pour fonctionner, payer les charges et les salaires, elles ne sont financées d’aucune manière, ni même aidées par l’État. Leurs revenus proviennent donc presque uniquement des frais de scolarité demandés aux familles. La conséquence est qu’il faut débourser des sommes importantes pour scolariser son enfant dans ce type d’établissements innovants, de 300 à plus de 900 euros par mois en fonction de la structure, de la localisation géographique et de la pédagogie. Pour éviter de faire payer aux familles des frais trop élevés, certaines écoles demandent aux parents un engagement participatif à la vie de l’école important (bénévolat sous forme de garderie, d’ateliers, de ménage, d’aide administrative, etc.).

 

Auteur de l’article : L'auteur

Enseignant-chercheur de formation, je m'intéresse aux écoles alternatives depuis 2012, année où j'ai dû réfléchir à la scolarisation de mon premier enfant et où il m'est apparu que je voulais pour lui une école différente, bienveillante. Depuis, je me passionne pour l'éducation alternative et la parentalité positive. J'aime faire découvrir des écoles innovantes.